Avr 9, 2013 / by Benjamin Rosoor / In Non classé / Commentaires fermés sur Modération : effet Streisand et autres risques

Modération : effet Streisand et autres risques

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Le logo de l’agence « cyber » de Buffalo

La modération d’un contenu sur le web est affaire de négociation, de médiation, de dialogue, n’en déplaise aux juristes qui pensent que la procédure est la solution. La récente déconvenue de la DCRI (le renseignement intérieur français) avec Wikipédia le montre une nouvelle fois.

Une histoire bien décrite sur cette page (dans le paragraphe « protection et pressions). Pour résumer, les services de renseignement ont voulu faire supprimer de l’encyclopédie en ligne une page sur une station d’écoute de l’armée française (les grandes oreilles). Pour cela, après avoir fait pression sur un administrateur du site, c’est le Président de la Fondation Wikimédia qui est convoqué pour retirer la page sous la menace d’une procédure judiciaire.

Résultat : un magnifique effet Streisand , la page et les informations sont diffusées partout et dans de nombreuses langues.

Il faut savoir qu’il existe un certain nombre de cas où il faut éviter de tenter de faire supprimer un contenu et qu’il est préférable de le laisser se noyer dans l’immensité d’Internet. Ce qui était le cas de cette fiche sur la station d’écoute française jusqu’à que la DCRI s’y intéresse.

1. Les internautes défenseurs de l’Internet contre les forces du « mal ».
L’internaute est joueur et bienveillant. Il s’orientera souvent vers la protection de la veuve et de l’orphelin, des animaux et notamment des chatons ;) . Heureusement, pour cette population, un « bad buzz » en écrase un autre… Éphémère.

Autre dimension, celle des activistes tendance libertaire : l’ennemi c’est la police, le grand capital, les élus (avec une préférence pour ceux de droite), Hadopi et tout ce qui est apparenté à une tentative de contrôle d’Internet. Et donc, la demande de suppression d’un texte est considérée comme une agression à laquelle on répondra avec ses armes, voir l’exemple de la DCRI.

2. Les espaces intouchables
On retrouve donc Wikipédia au premier rang de cette catégorie. Collectivement et individuellement, les administrateurs de l’encyclopédie détestent qu’on vienne leur demander de supprimer ou même de modifier un contenu. De nombreuses entreprises se se sont cassé les dents sur un « modo » raide comme la justice parce que la correction venait de l’entreprise elle-même. Etant juge et partie, ce n’est pas une source fiable. Ce qui laisse perplexe en général les responsables de la Communication.
En 2008, la société Cortix avait obtenu d’un tribunal la suspension pendant un mois de sa page Wikipedia « le temps que le débat se fasse entre les deux parties » avait affirmé le magistrat. Aujourd’hui, la page est de nouveau active. Et c’est la seule décision de justice connue qui a fonctionné (très temporairement donc) et surtout sans effet puisque l’information est toujours présente.

La presse en général n’aime pas beaucoup qu’on vienne lui demander de supprimer ou de modifier ses titres ou ses articles. La société Findus en a fait les frais récemment.

3. Les têtes brûlées, les quasi-trolls. Ceux-là, quand on est cité sur leurs blogs, on ne peut pas faire grand chose. En effet, ils se sont spécialisés dans le « clash »avec une prime au nom connu ou important . Plus c’est gros, meilleur c’est. On  peut citer chez ces snipers Emery et dans une moindre mesure Cyroul (cf. leurs dernières notes respectivement sur La Poste et Free). ndr : Attention,  la présence des Snipers est aussi une preuve de bonne santé de la liberté d’expression dans un pays ! Mon conseil est donc, vous l’avez compris de ne pas tenter d’obtenir la suppression de leurs notes et de ne pas tenter de leur « couper le clavier ».

En conclusion, il ne faut pas accepter que tout et n’importe quoi soit publié. Mais cela ne veut pas dire non plus qu’on peut « nettoyer » le web comme si on passait de l’eau de javel sur le sol d’une salle commune. Tout est affaire de respect et de dialogue, des deux côtés.